GLOUGLOU
WORLD

 

Année 2500. Les glaces du frigo ont fondu et l'eau recouvre à présent le globe terrestre. La population, ayant survécu à cette catastrophe, s'amasse sur des atolls artificiels. Cependant, quelques intrépides voyageurs ont choisi de vivre en solitaire sur leur "bateau", qu'ils construisent en utilisant des anciens déchets métalliques.


Une étrange silhouette se découpe sur la ligne d'horizon morne et plate. Le mât d'un bateau, et, plus précisément, un catamaran, semble indiquer le ciel pur et aussi clair que la mer environnante. Il y a de l'activité à bord. En effet, un étrange personnage vêtu de haillons, s'affaire sur son embarcation. Il tourne des manivelles, noue des cordages, vérifié l'étanchéité et semble préparer un repas. Cet homme, connu par la lointaine et clairsemée civilisation sous le nom de Calvin Costnèrderien, s'assied paisiblement sur le flotteur tribord, et se met à scruter méthodiquement l'horizon à l'aide d'une longue vue de fortune. Une voile sur la ligne d'horizon eut tôt fait d'attirer son attention. Aussitôt, ses traits se crispèrent, et il se précipita sur une manivelle, afin de hisser un drapeau blanc, signe de neutralité, ce à quoi le bateau lui répondit par un drapeau bleu, signe de demande de marchandage. Calvin hissa alors son drapeau rouge, signe d'aller se faire voir. Le bateau n'eut pas l'air de comprendre ce dernier car il continua dans la direction du catamaran. Calvin, alors en panne de drapeau, "Je vais te loger un harpon entre les deux yeux", décida d'aborder l'inconnu, avec le dialecte courant: le portugrec.

"_ Kei skeutufoula? (Kesse keutuphoula)

_ Tapi avandr, pacher, pacher. (tapi avandr, pacher, pacher)

_ Je m'en fous complètement.

_ Bon, ça va, je me casse. Mais compte pas sur moi pour te dire qu'il y a un atoll à quarante km à l'Ouest.

Cependant, le bateau inconnu était à une enjambée de distance, que l'inconnu franchit, violant les lois de propriété communes. Calvin le repousse dans son bateau, qui partit sous l'effet de la brise. Hélas, l'inconnu avait réussi à lui subtilisé un quart de bifteck de monstre marin. Calvin, que l'on attaquait par son point faible, regardait l'inconnu s'éloigner vers la ligne d'horizon. Il s'assit par terre, et, de dépit, abaissa un levier. C'est alors que des voiles surgirent de toute parts du vaisseau. Il vira de bord en un fraction de seconde et fut, en un clin d'oeil, sur (je dis bien sur,) le navire de l'inconnu. Il récupéra son bifteck, est s'en fut vers l'atoll artificiel. Quelques minutes plus tard, il arriva aux abords d'un îlot entouré de remparts métalliques. Cet atoll, apparemment fermé, laissa paraître une tête:

"Kei skeutufoula?"

C'est alors que Calvin sortit un objet en forme de disque épais, entouré de matière noire.

La tête parut troublée. Elle se retourna vers ses congénères, et on entendit: "Une roue de bagnole!" Aussitôt, la porte s'ouvrit afin de laisser entrer le catamaran. Calvin manoeuvra son bateau afin de se placer près d'un des quais, tout en observant l'atoll. Il s'aperçut que toute la population le regardait étrangement avec force sourire et une pointe de vénération dans les yeux. Calvin débarqua, ne laissant rien paraître de son angoisse, et se dirigea vers le magasin dont l'enseigne rabelaisienne vantait "La tôle de l'atoll". Quand il entra, les conversations entre les clients et le marchant s'arrêtèrent et tous le regardèrent s'approcher du comptoir:

"_ Kei skeutufoula?"

_ J'ai un problème de manivelle

_ Ei tad koi peie?

- Kei stukroi? Tu sais c'que c'est?" dit alors Calvin en sortant la roue de sa poche. Évidemment, le marchand avait reconnu la si rare roue, celle qui permettait, si elle était correctement cuisinée, d'améliorer la nourriture ordinaire, mais il se garda bien de le dire. Il tendit donc une manivelle toute neuve à Costnèrderien (il est vrai qu'à ce prix là, le marchand aurait pu offrir le bateau qui allait derrière). Cependant, Calvin, constatant la variété de marchandise sur les étalages vides, acheta ce qui restait au marchand; une buste Louis "Croivébâton" de piètre qualité, les étagères, le comptoir. Il ne put, hélas, pas acheter le marchand qui n'était pas à vendre. Il s'en fut vers son catamaran, amarré un peu plus loin, quand quelques indigènes l'abordèrent par la formule rituelle (Kei…). Il ne répondit pas, mais les indigènes insistèrent, tant et si bien qu'il lâcha son matériel sur les pieds de l'importun questionneur (diantr... S.A.M.U. …Amputation…). Ses amis se mirent à invectiver Calvin, le fouillèrent et…:

"Quelle horreur! Regardez! Il…Il est… normal!"

Un frisson de dégoût parcourut l'assemblée. De fait: ses pieds n'étaient palmés, il n'avait pas de branchies.

Aussitôt, ce fut un déluge de pommes de terre, de tomate, d'oignons et d'autres cucurbitacés qui s'abattit sur notre pauvre Calvin. Celui-ci, guère plus ennuisancé qu'à l'ordinaire, voulut s'empresser de les ramasser, mais quatre mains et une mitrailleuse l'en empêchèrent et l'emmenèrent au bord d'une fosse vraisemblablement sceptique.

Arriva alors, dans un silence pieux, un impressionnant personnage tout de papier peint vêtu:

"Peuple de l'atoll, déclara-t-il, nous sommes ici pour rendre la justice afin de partager notre amour avec cette pauvre âme en peine. En effet, cette essence de bonté à subi l'injuste coup de la nature en étant ressuscité dans l'immonde corps qui est maintenant le sien. Aussi, mes amis, c'est avec un sentiment de fierté que je condamne cette créature à être recyclée, afin que son âme retrouve la paix et que son corps ne soit plus jusqu'à ce que les poules aient des dents."

"Jusqu'à ce que les poules aient des dents" répéta la foule rituellement.

Calvin, les larmes aux yeux, se prépara à plonger dans la fosse, lorsqu'un cri retenti: "Aaaargll". L'atoll était attaqué. Rapidement, l'atoll avait était encerclé par les Smobys, une population féroce et sanguinaire menée par un empereur chauve à l'intelligence aussi vaste que son territoire chevelu, du nom de Duplo. Sa voix, d'ailleurs, se fit entendre par l'intermédiaire d'un mégaphone. Il sommait l'atoll d'ouvrir ses portes. Le ministre de la Porte répondit par l'affirmative, et une horde de Smobys chevauchant des "scooter" des mers se lancèrent à toute allure vers cette porte (toujours close d'ailleurs). Les Smobys, un peu inquiets, tirèrent des salves de gros légos, sans effet. Ils avaient confiance, la porte allait s'ouvrir. Ils avaient confiance, la porte allait s'ouvrir.

Hélas.

À l'intérieur de l'atoll, on s'amusait bien. Ce n'était pas la première fois qu'un incident de ce genre arrivait, et on applaudissait les plus beaux crash contre la porte. Fâcheusement, une funeste nuisance survint. Calvin, qui jouait aux billes, en laissa rouler une trop loin. Un quidam glissa dessus, et, en tombant, fit se réveiller un clochard par la vibration du sol métallique, il s'étira en cognant involontairement son chien, qui le mordit. Le clochard poussa un cri; qui effraya un autre passant, qui, en reculant, actionna un levier… et la porte s'ouvrit. Le seul Smoby qui restait put donc franchir la porte, à son grand étonnement. Il accosta prudemment à un quai, et demanda à voir le Ministre de l'Intérieur (de l'atoll). Il lui demanda la permission de piller l'atoll et de massacrer la population. Elle ne lui fut pas accordée, et il retourna vers le navire central des Smoby. Duplo, qui l'y attendait, essaya de lui expliquer calmement qu'il n'y avait pas besoin de permission, qu'ils étaient des méchants et qu'ils étaient venus là pour piller et par pour jouer aux légos. Là dessus, le Smoby, vexé, démissionna. Duplo, vert de rage, appela son second Clipo afin que celui-ci aille chercher l'Arme Secrète.

Pendant ce temps, dans l'atoll, Calvin, qui sentit une odeur de roussi, mit son bateau en mode "discret". Les coques, le mât et tout le matériel se plia, et le bateau eut l'air d'une vulgaire boîte de conserve. Détail ennuyeux, Calvin était resté à bord. La boîte de conserve dériva vers la haute mer.

C'est alors que Clipo revint, en possession de l'Arme Secrète: le doryphore grignoteur. Il sortit la bête de sa cage poche, et la lâcha vers l'atoll.

Le doryphore grignoterait les piliers submergés soutenant l'atoll. L'opération prendrait environ douze ans. C'est alors que Duplo remarqua une boîte de conserve dérivant au gré du courant. Saisi brusquement d'une faim conséquente, il alla chercher sa canne à pêche multi-lignes chromé à visée laser génétique, enleva le cran de sûreté et la lança. Il le regarda couler quelques instants ,puis, la canne ne remontant pas, il se pencha pour prendre la boîte de conserve manuellement. Duplo essaya alors de la manger, mais il ne la trouva pas comestible (ce qui se comprend) donc, il la jeta dans la soute à objet non-comestibles.

Calvin, après maintes manoeuvres, réussit à s'extraire de la boîte, et ce retrouva dans une immense pièce remplis de montagnes d'objets hétéroclites. Parmi tout ces objets, un seul attira son attention. Il s'agissait d'un dés à coudre pour fourmis.

Il le saisit délicatement, et aperçut un double fond. Il l'actionna, et un rouleau de parchemin en tomba. Il le déroula, et reconnut tout de suite la nature cartographique du document. En effet, une grosse flèche pointait vers le haut de la feuille, et Calvin déchiffra non sans peine, une inscription à la base de la flèche: separla: Calvin "sépara" donc la feuille en petits morceaux, mais le résultat ne fut pas digne d'intérêt. Pour se consoler, il attrapa un chien qui passait par là, et le fourra dans sa poche. Jugeant que c'était l'heure de partir, il prit sa boîte de conserve en main, la lança en l'aire, sauta à sa suite, rentra dedans, appuya sur un bouton, et le bateau se déplia et se posa, tout monté, sur l'eau. Toutes voiles dehors, il mit le cap vers le large. Duplo, voulant prouver qu'il était un méchant, entreprit de rattraper le bateau, pour le faire sien. Il alluma donc son moteur, et fut bientôt à un longueur de retard sur Calvin. Calvin, quant à lui, était tranquillement installé à l'arrière de son catamaran, tout en voyant dangereusement le bateau adverse gagner du terrain. Lorsque ce dernier fut à quelques mètres de notre ami. Calvin, jugeant qu'il s'était amusé, appuya sur un bouton. Cela eut pour effet de sortir un moteur de paquebot de chacune des coques, et Calvin disparut derrière la ligne d'horizon en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Duplo appela Clipo afin que celui-ci mette au point une nouvelle arme secrète et se retira dans sa cabine afin de réfléchir: Qui pouvait bien être cette homme qui, à lui seul, avait détruit tous ses smobys? Que cherchait-il? Il lui fallait un espion. Soudain, Clipo entra dans la pièce et lui dit quelque chose. Aussitôt, Duplo se précipita sur le pont et ordonna à l'équipage de faire manoeuvre en direction de la base d'une voix gaie et avec un regard vengeur.

Loin de là, Calvin arrêta son bateau afin de réfléchir lui aussi. Petit à petit, une conclusion s'imposa à son esprit: il avait faim. Sur ces entrefaites, le chien précédemment empoché, surgit de la dite poche et se mit à courir sur le pont. Calvin, la bave aux lèvres, se prépara à faire un bon repas, et, pour ce faire, il appuya sur la manette spéciale "hatraplechien kicoursurle pon" et il alla ses chercher couteaux. Ensuite, il commença à raser le chien, après avoir constaté que ceux-ci n'étaient pas agréables à son sensible palais. Il allait le jeter dans la marmite (le chien) quand remarqua que celui-ci avait un étrange tatouage sur le dos. Ce tatouage représentait quelques numéros: 75-14-5-22-1-12-1-11-5. Calvin connaissait fort bien ces inscriptions, et put aisément déduire qu'il s'agissait de coordonnées. Il ramassa le chien et entra dans sa cabine, où il tira d'un tas d'objet bizarres autant qu'étranges, un "Livre de Maths", qu'il prenait plaisir, lors de ses temps libres, à déchiffrer. Calvin avait le choix. Il pouvait considérer ces coordonnées de manière polaire, orthonormée, ou bien polaroïdonormée. Quant au repère tetraèdroïdonormée, il était à exclure, à cause du nombre insuffisant de coordonnées. Il lui semblait que la clé de sa vie tenait en ces quelques chiffres.

Son attention fut distraite par le chien qui gambadait sur le pont. Quelques instants plus tard, il remarqua sur les coques et sur le mât des dessins de qualité morale plutôt douteuse. Également, le chien tenait plusieurs feutres dans sa bouche. Calvin, s'apercevant que c'était ses feutres, se précipita alors sur le chien. Celui-ci s'enfuit aussitôt et, trouvant le jeu à son goût, s'amusa à faire courir Calvin qui voulait ses précieux feutres. Le chien s'aperçut qu'outre le jeu, les feutres aussi étaient à son goût et, de fait, il les avala. Calvin préparait mentalement les différentes manières de récupérer ses feutres, tout en faisant atrocement souffrir le chien lorsqu'un requin qui passait par là voulut faire cesser ces chamailleries qui l'ennuyait fortement. Aussi avala-t-il le chien et s'en fut de par la vaste mer.

Calvin trouva cet événement d'une nuisance extrême et voulut rattraper le requin susnommé. Il abaissa donc la manivelle prévue à cet effet mais, il s'aperçut à son grand dam, que son catamaran, loin de se rapprocher du requin, était même en train de se rapprocher du requin, était même en train de s'en éloigner. Étonné, il se retourna et vit qu'un câble était raccrocher à son bateau et icelui provenait d'un canon qui se trouvait sur le pont d'un gigantesque pétrolier qui servait de quartier-général aux Smobys: Duplo l'avait retrouvé!

C'est alors que Calvin siffla le requin, qui accourut, lui mit le harpon dans la bouche, tira sur le câble, et s'en fut à couvert. Duplo, qui n'avait rien contre une escalope de requin, le remonta prestement et oublia bien l'insaisissable catamaran.

Il offrit la queue et les nageoire en pâture à ses 10000 Smobys, et entreprit de cuisiner le subtil met qui s'offrait à lui. Il confia donc le corps du gros poisson à son cuisiner, qui se mit promptement à l'ouvrage. Il découpa le ventre du requin et trouva une espèce d'animal tout rasé, et, le jugeant sans intérêt, la jeta par un trou dans le mur, qui conduisait jusqu'au gigantesque réservoir de carburant. Pendant ce temps, Calvin, décidant qu'il était parti trop vite, revint jusqu'au pétrolier, incrusta son ancre dans la coque rouillée, et grimpa jusqu'au pont pour faire une petite promenade de reconnaissance. Le pont était désert car les smobys se remettaient de leur festin en dormant aux étages inférieurs. Il montait d'un air détaché, cherchant à se souvenir de ce qu'il avait oublié. Il rencontra deux types bizarrement habillés (en empereurs), et engagea la conversation. Il apprit qu'ils s'appelaient Duplo et Clipo, qu'ils recherchaient une espèce de bateau-boîte-de-conserve-Kidépasslemurduson-deux coques. Ils lui offrirent une cigarette et ils continuèrent à discuter sur des thèmes comme l'inflation du prix de la roue de bagnole, la chute des cours du papier. Calvin jeta le mégot de sa cigarette dans un tuyau qui dépassait métallique, et prit congé. Son mégot cheminait, tombait dans le tuyau, jusqu'à une surface humide, à la forte odeur de pétrole' et où barbotait doucement une sorte d'animal tout rasé. Une violente déflagration déchira l'air, et des gigantesques gerbes de flammes jaillirent de tous les orifices du navires: les trous de la coque, les écoutilles du pont… Toutes sortes d'objet furent expulsés, dont une espèce de bestiole toute rasée. L'incendie faisait rage.

Duplo et Clipo se rendant compte de leur méprise, ordonnèrent à la moi des Smobys de poursuivre Calvin puis, Duplo enclencha l'alarme afin que l'autre moitié s'occupa de l'incendie. Aussitôt 9.999 smobys partirent à la recherche de Calvin intimement persuadé de savoir compter tandis qu'un Smoby essayait d'arrêter le feu. Les 9.999 smobys partirent dans les couloirs avec forces cris de guerre et ce qui devait arriver arriva. Au détour d'un couloir, ils se retrouvèrent tous coincés. Calvin arriva sur ces entrefaites et regarda avec étonnement cette muraille humaine lorsque avec étonnement cette muraille humaine lorsque tout à coup les flammes attaquèrent le plafond qui s'effondra, coupant toute retraite.

Pendant ce temps, le smoby resté seul ,réfléchissait à la manière dont il pourrait arrêter le feu. Après avoir soufflé dessus sans résultats visibles, il comprit alors que seul l'eau pourrait l'arrêter. Il alla donc chercher son pistolet à bouchon en vu de faire un trou dans la coque afin que l'eau éteigne le feu, et faisant, il trébucha sur un levier frappé de l'inscription "Ouverture de la cale: NE PAS TOUCHER". Le pauvre Smoby n'eut que le temps de s'enfuir lorsque le fond de la cale s'ouvrit laissant libre passage à un déluge d'eau.


Dans un tonnerre de gerbes de flammes, le pétrolier peu à peu sombrait dans l'eau noire de pétrole, et avant d'être complètement submergé, tous les smobys se téléportèrent à l'extérieur, grâce à leurs facultés naturelles. Et le navire fut achevé par une violente et l'ultime explosion, disloquant les restes du pétrolier. Tous les débris retombèrent sur l'eau, fumants et flamboyants. L'écho de la détonation se fit longtemps entendre, et un silence de mort s'installa


Un catamaran dérivait au gré du courant. Il n'y avait apparemment aucune activité à bord. Un homme bizarrement vêtu sortit de la cabine, actionna quelques manivelles, et scruta patiemment le ciel. Eh! Calvin? Calvin! (Sa tête se détourne)

Tout cela est très beau, mais, comment avez vous fait?

"Vous ne trouvez pas? Bon, je vais vous le dire. Je me trouvais dans ce couloir .

Derrière moi: des smobys, devant moi: un mur. Contre ce mur: un coffre fort. À tout moment, le pétrolier pouvait exploser, et il sombrait. Je sortis la télécommande de mon bateau pour l'éloigner du site, je sautais dans le coffre-fort et je m'y enfermais." L'explosion ne se fit pas attendre, mais je ne perçus que des secousses. Lorsque tout sembla calme, j'ouvris la porte étanche du coffre-fort, et je me trouvais au fond de l'océan, abasourdi mais indemne. Je remontait donc, appela mon bateau et… diantre! Voila l'animal!"

De fait, un espèce de bestiole toute rasée s'écrasa avec fracas sur une des coques du catamaran. Aussitôt, le bateau prit une allure penchée qui ne manquait pas de rappeler la tour de Pise, et, tout comme celle-ci l'aurai fait si elle aurait été à sa place, il coula. Calvin, seul au milieu de l'onde bleue, était quelques peu embêté. Heureusement, le chien jaillit de ladite onde fort à propos, et Calvin s'empressa de s'en emparer, trouvant ainsi un substitut convenable à son bateau. Il s'y allongea donc et laissa le chien suivre son instinct qui, il en était sûr, les conduiraient à l'atoll le plus proche.

Le chien plongea jusqu'au catamaran, insuffla de l'air dans chaque coque, ce qui eu, pour effet, de le remonter en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Une fois à la surface, Calvin attacha une corde d'une part autour du coup du chien, et d'autre part sur le bateau. Il balança le chien à la mer, et ce dernier se mit à nager frénétiquement vers le Nord. Calvin s'installa un hamac et s'y endormit, confiant, tandis que l'équipée voguait paisiblement vers l'horizon où flamboyait le soleil.

La nuit tomba sur le catamaran, et il n'eut bientôt plus aucun bruit, excepté le clapotis du chien et le ronflement de Calvin puis, au bout d'un certain temps, le clapotis s'arrêta, lui aussi. Seul restait le ronronnement, semblable à un moteur, du dormeur.

Lorsque le soleil se leva, le lendemain, Calvin sentit sur sa joue, une chose humide et visqueuse. Il tendit donc les bras à l'endroit où était supposé se trouver le chien , mais ces doigts ne rencontrèrent qu'une masse gélatineuse. Il ouvrit donc les yeux, et se rendit compte, avec horreur, qu'une grosse pieuvre géante venait d'attraper le catamaran… ou plutôt, le catamaran avait attraper la pieuvre. Cette pieuvre, de la race des "Pieuvres Nocturnes Bondissantes" sautillait joyeusement à la surface de la mer quand elle échoua brutalement sur le mât du catamaran de notre ami.

Encore plus effrayée que Calvin, elle sursauta si violemment qu'elle se libéra et sauta dans l'eau, emportant notre infortuné aventurier qui était resté collé à des multiples tentacules. Chacun luttant pour sa survie, un combat acharné s'engagea. Le chien, qui était resté à bord gémissait d'angoisse devant le combat inégal qui se déroulait sous ses yeux. L'eau bouillonnait et écumait furieusement quand une grande vague acheva de les engloutir, et le chien ne put plus rien distinguer


Calvin savourait sa succulente escalope de tentacule, et jeta au chien un reste de ventouse sautée à la poêle. Au moins, la nourriture ne manquerais pas.

Le jour suivant, Calvin distingua un drôle de bâtiment sur la ligne d'horizon. Il appuya sur un bouton, et un gros cylindre où était écris "Hubble" sortit de la coque gauche, Calvin jeta un oeil dans le cylindre et put reconnaître ce petit bâtiment comme étant un avant-poste marchand. Calvin voulant s'approvisionner en feutres (suite à une rupture de stock pour les raisons que vous connaissez) parcourut donc les quelques centaines de kilomètres qui le séparait de l'endroit. Une fois arrivé, il débarqua et se dirigea vers la porte d'entrée. Il entra et découvrit, à son grand étonnement, que la pièce était vide, excepté un piédestal en son milieu avec un grand bouton marqué "poush". Calvin s'approcha et vit sur le sol, tracés à la craie blanche, les contours de deux pieds. Il se plaça donc dessus et tendit la main vers le bouton, ne sachant trop à quoi s'attendre. Il appuya.

Aussitôt, une série de cliquetis retentirent, suivis par un grincement suivi de la chute d'un GROS cailloux (style monolithe menhirien). Usant de ses réflexes aiguisés, il leva les bras pour recevoir le vestige gaulois. Il le reçut assez violemment, et la force d'impact lui fit ployer un genou à terre. Toute sa masse musculaire tremblait sous l'effort. Il luttait contre la force qui l'entraînait vers le sol. Dans un effort surhumain, il put relever la pierre de quelques centimètres, mais le plancher, battu par la mer, céda. Le monolithe et Calvin plongèrent avec fracas vers les abysses sombres.

Calvin ne pouvait pas se dégager de sous la masse minérale, et elle l'entraînait de par le fond. Sentant justement le fond arriver, il put, après un effort considérable, se dégager de sous la pierre. Le monolithe écrasa sur le sol de la mer une espèce de grande porte métallique noire, que Calvin identifia comme étant une grille. C'est alors que Calvin prit conscience du lieu sous-marin où la pierre l'avait entraîné. La grande grille noire indiquait en fait le chemin vers une grande bâtisse carrée, où s'étendait un muret sur le côté gauche. Sur ce muret, Calvin remarqua une petite statuette blanche, représentant un animal proche du chien de Calvin, mais aux pattes plus allongées. Le trouvant fort à son goût, il l'emporta.

Les lieux étaient calmes, l'eau était claire, et Calvin nagea jusqu'à la bâtisse.

Intrigué par cette étrange architecture sous marine, Calvin poussa la porte, qui tomba en morceaux, sous l'action de la mer. Il visita quelques pièces, mais celle qui lui plut le plus était celle qui se trouvait à droite en entrant. Au bout de la pièce, une forme humaine statufié se tenait ployé (comme l'avait été Calvin sous le monolithe) tentant de soulever un objet cubique présentant une face noire et brillante. Calvin déduit que c'était un objet religieux, probablement vénéré par les propriétaires des lieux. Il le laissa donc respectueusement en paix. À l'autre bout de la pièce se trouvait une table formant un angle droit, sur lequel reposait un autre objet religieux de couleur blanche, frappé d'un sigle multicolore. Il l'emporta avec lui, et, se souvenant qu'on ne pouvait pas respirer sou l'eau, il remonta à la surface, qui se trouvait déjà fort loin. Il avait pour projet d'examiner la relique religieuse blanche et multicolore. En chemin, il regarda en bas, et vit un petit objet métallique vert gravé d'inscriptions inconnues. Calvin put lire un fragment du premier mot, qui commençait par "Manoir", mais il ne put déchiffrer le reste. Il remonta donc vers son catamaran.

Pendant ce temps, Duplo et Clipo content de leur piège, inspectaient le catamaran. En effet, depuis l'explosion de leur pétrolier, ils avaient besoin d'un nouveau Q.G. Jugeant l'endroit fort agréable, ils appelèrent les 10.000 smobys embusqués derrière le lampadaire de la tour et tout ce petit monde partagea les quelques mètres carrés du catamaran. Duplo trouva alors l'endroit moins agréable, et il ordonna au smobys de couler le bateau. Tous s'empressèrent d'exécuter cette ordre, mais l'exiguïté de l'endroit les fit tous se cogner et tout le monde tomba dans l'eau. Calvin, qui remontait vers son bateau, fut très étonné de voir plein de poissons-smobys; espèce qu'il n'avait jamais vu jusque-là. Il vit ensuite arriver une grosse baleine mangeuse de poissons-smobys qu'il reconnut aussitôt grâce à son penchant carnassier. Calvin laissa donc là la baleine à ses culinaires activités et se retourna vers son bateau. Il y retrouva le chien qui était resté dessus. Calvin l'harnacha donc, et ils repartirent vers le soleil couchant car Calvin avait décidé de suivre le soleil dans sa course.


Le lendemain, Calvin changea donc de direction et fit marche vers le soleil levant. Lorsque le soleil parvint à son zénith, Calvin distingua une forme sombre sur la ligne d'horizon. Il se mit en mode "Hubble" et distingua dans l'objectif un gros oeil. Intrigué, il dézooma et reconnu sans peine le paisible mammifère smobyvore. Il déboucha la mise en action de ses moteurs de paquebot et fut en un clin d'oeil aux côtés de la baleine. C'est alors qu'un incident imprévisible se déroula sous les yeux impuissants de Calvin. La baleine, qui nageait paisiblement aux alentours du catamaran, tenta un saut par dessus le voilier. Or, tout un chacun sait que les baleines bondissent la bouche ouverture (vous me suivez?). Alors que la baleine se trouvait au dessus du bateau, le chien, sujet au rhume depuis son emploi (dans l'eau froide) de moteur, fut la proie d'un violent éternuement. De ce fait, une violente détonation retentit et une tempête se leva. Le vent violent s'engouffra dans la bouche ouverte de la baleine, qui tripla de volume, gagnant l'occasion d'être plus légère que l'air. Calvin, sans le choc de cet étonnant spectacle, recula, et percuta involontairement le bouton "reconfiguration de la voilure". Cette opération mobilisa des cordages et des voiles, et la baleine, juste au dessus, se trouva solidement emberlificotée.

Le catamaran se détacha de la surface de la mer.

Le mouvement ascensionnel se poursuivait, et Calvin jugea prudent de mettre son navire en mode "nacelle". Son catamaran prit la forme d'une sorte de panier, que surmontait l'énorme baleine, rassasiée des 10000 Smobys. Le "dirigeable" se stabilisa à 50 mètres. Calvin Costnèrderien dut se rendre à l'évidence: sans vent (et c'était le cas), il était bloqué dans les airs, à 50 mètres d'altitude. Il examina donc la situation, et découvrit, à son grand amusement, que lorsqu'il tirait la nageoire gauche, la baleine crachait un Smoby à intervalle régulier. Et plus, il tirait fort plus rapide était la cadence de crachement. Calvin découvrit que ce divertissement offrait un côté pratique. En effet, chaque Smoby expulsé faisait avancer l'aérostat d'une dizaine de mètres, mais aussi le faisait grimper de quelques centimètres à chaque fois. Il installa donc une commande qui le reliait directement à la nageoire et fit honneur à son nouveau moyen de locomotion en le mettant en application. Il se stabilisa en vitesse de croisière, c'est à dire à peu à peu près à deux smobys / seconde (environ km/h).

C'est alors qu'un curieux détail ne manqua pas d'attirer son attention. En effet, au loin, il aperçut une vague de forme et de couleur étrange: celle-ci, de fait, n'était pas couleur de fût radioactif vert fluo teint en pourpre de mer mais plutôt marron-cendré. Puis après quelques instants d'observation, un autre détail le troubla: cette vague ne bougeait pas. Intrigué par cette masse sombre, Calvin agita frénétiquement la nageoire-propulseur de la baleine-dirigeable. Cette dernière quelque peu outré par ces tiraillements intempestifs entama derechef une grève de la propulsion. Afin de faire connaître ses revendications, elle ouvrit alors dans la bouche très grande.

Bien mal lui en prit. C'est donc à vitesse grand V que Calvin arriva en vue de la vague sombre, la survola, la dépassa, la vit s'éloigner à l'horizon.

Il eut quand même le temps de s'apercevoir que cette vague n'en était pas une, mais un amas de terre de dimension importante (du moins, autant qu'on peut l'apprécier à 100.000 km/s). Enfin, il sentit plus qu'il ne vit, que la vitesse, qu'il descendait , qu'il touchait l'eau, et puis que quelque chose de TRÈS lourd s'écrasait sur sa tête. Calvin sombra dans l'inconscience.


Il ouvrit un oeil, puis un deuxième. Il les referma aussitôt après avoir vu ce qu'il l'entourait. Mais cruelle réalité s'affirmait. Il ne pouvait la refuser.

L'environnement dans lequel il gisait ne lui était pas familier.

Il était allongé sur une espèce de "terre" (cette étrange manière était très prisée des commerçants d'atolls et lui avait été montrée par un autre vagabond de la mer: ce dernier l'avait vendu pour une somme abyssale et ce détail marqua profondément Calvin). Cependant, cette terre était jaune, presque blanche, et beaucoup plus fine. Un grondement familier lui rappela que sa mer maternelle était toute proche. De fait, elle léchait le rivage, à deux pas de là. Calvin se leva et s'efforça de tenir debout, tant bien que mal , sur ce sol étrange. Il se retourna dos à la mer et aperçut d'étranges constructions: des tiges brunes sortait de la terre blonde et étaient surmontées de plaques vertes en forme de croissant. Aucune trace de son navire, de son chien, de la baleine. Tout ce qu'il possédait était la télécommande du catamaran, et un vieux fusil-harpon. Des silhouette furtives émergèrent des plaques vertes, sautèrent sur le sol siliceux, et se jetèrent sur Calvin. En un clin d'oeil, il fut ficelé, et traîné vers les tiges brunes (qu'il identifia au passage comme étant des végétaux). On l'entraînait au coeur de toute une jungle végétale jusqu'à une clairière.

Une gigantesque cité trônait dans cette clairière, et, en son centre, se trouvait un petit point d'eau. Cette cité, essentiellement construite d'épaves métalliques, n'était pas sans rappeler les atolls artificiels. Chose étrange, on libéra Calvin qui, indécis, marcha vers le point d'eau. Arrivé à bord, son harpon à la main, il se retourna. Aussitôt, il sentit des milliers d'yeux qui le fixaient intensément. Il hurla. Ce monde étrange, ces yeux, cette ville; tout cela, son esprit ne put le supporter, et il sombra dans l'inconscience.

Sa mains rencontra le sable et il s'éveilla.

Une foule intriguée se pressait autour de lui, braquant ses regards interrogateurs sur le rejeton. Soudain, la foule se divisa. Calvin s'assit et un vieil homme surgit de la foule divisée. Calvin fit mine de se lever, mais le vieil indigène lui ordonna de se rasseoir d'un geste explicite (Calvin l'avait maintes fois utilisé pour faire signifier "au pied" à son chien). Il prit la parole d'une voix assurée mais d'un langage hésitant:

"Nous… sommes… des… terrestres. Mais vous… qui êtes… vous?"

L'homme avait un fort accent, et Calvin ne comprit rien. Il essaya alors d'engager la conversation de manière plus conventionnel mais le "Kei skeutufoula?" rituel eut l'air de plonger l'indigène dans un abîme de réflexions. Calvin allait tenter un autre ouverture lorsqu'il aperçut au loin un étrange animal. "azoep't'oifg" lui précisa l'indigène. Calvin tendit alors une main afin de toucher l'étrange chose qui était de la même taille que son chien, mais qui n'avait que deux pattes, et qui avait l'aire d'être tombée, enduite de goudron, dans un tas d'oreillers percés. Le gallinacé, outragé de tant d'ardeur, mordit cette main à pleine dents et s'en fut en poussant un cri tonitruant. La scène provoqua un élan d'hilarité chez les indigènes, et l'atmosphère se détendit. On invita Calvin à l'intérieur d'une hutte afin qu'il raconte son histoire à la tribu. Calvin, fin conteur, sut trouver le ton qui émut l'assemblée, et pas un ne retint ses larmes lorsqu'il leur apprit que son fidèle chien avait disparu. La soirée se termina par une agréable fête, et Calvin, fatigué, dormit paisiblement cette nuit là.


Non loin de là, Duplo fulminait. Après avoir, non sans mal, récupérer ses smobys éparpillés aux quatre vents, il s'était installé à l'autre bout de l'île, et ruminait des plans de vengeances à l'égard de Calvin. Il convoqua son second, Clipo, afin de passer sa colère sur lui. Mais lorsque ce dernier arriva, Duplo avait changé d'idée. Clipo avait surprit la lueur sadique dans le regard de son chef et se réjouit. Le lendemain, 10.000 smobys armés jusqu'aux dents apparurent sous les rayons du soleil, et, sous le commandement de Duplo, s'enfoncèrent dans l'île.

Un cri d'alarme retentit. Calvin sortit péniblement des bras de Morphée et perçut tout à coup la panique qui régnait dans le village. Il s'habilla en hâte, sortit et alla rejoindre le vieil indigène afin de connaître la raison d'une telle tumulte. En fait, il n'eut guère besoin de poser de questions lorsqu'il aperçut, marchant vers le village et écrasant la forêt sur son passage, l'immense armée de smobys. Sans laisser aux indigènes d'organiser une quelconque défense, une volée de gros légos s'abattit sur le village. Calvin et les terrestres se replièrent alors derrière un important monolithe que leur chef leur indiqua. Les smobys les y poursuivirent mais s'arrêtèrent net. Duplo, étonné, regarda tout autour de lui. Calvin et les terrestres avaient disparus. Un grincement le fit se retourner. Le monolithe s'ouvrit alors et de l'ouverture jaillit… un régiment de fier et courageux gallinacés, suivis des indigènes.

La bataille fit rage. La rumeur du tonnerre fit soudain écho à la rumeur du combat, et le ciel s'assombrit. L'orage était là, et les éclairs déchirèrent les nuages, jetant des lueurs sinistres sur l'obscurité de la bataille.

Ce fut au cours de l'un d'eux que Duplo aperçu Calvin. Il saisit un petit smoby qui bataillait là, et se jeta sur Calvin, smoby au poing. Au dernier moment, Calvin s'en aperçut et attrapa une poule par les pattes pour se défendre. Grâce à elle, il put parer la furieuse attaque de Duplo. Dans le même mouvement, il se releva et, bec contre casque (de smoby), ils ferraillèrent hardiment. Calvin était handicapé à cause de la différence de longueurs entre les deux armes. Il subit donc tant bien que mal, les vicieuses estocades que lui portait Duplo. Soudain, il eut une idée. Feintant, il lança sa poule dans les bras de Duplo, fit un roulé-boulé au milieu des gallinacés, et disparut aux yeux du chef des smobys. Ce dernier, ne voulant pas laisser fuir Calvin, écarta la meute gallinacéenne à grand coup de smoby. Une intuition le fit tressaillir, et il se retourna lentement. Derrière lui, dans un éclair, lui apparut, une poule dans chaque main, Calvin. Jaugeant Duplo d'un regard, il eut un sourire, étant maintenant supérieur à son adversaire. D'un mouvement fluide, il fit virevolter ses gallinacés en une danse mortelle. Duplo vit sa fin dans cette danse. Calvin tourbillonna, Duplo s'effondra. Comme un cri d'agonie, le tonnerre gronda.


Malgré cette victoire, la bataille tournait à l'avantage des smobys. Les indigènes reculaient et étaient refoulés vers la mer. Voyant cela, le chef des indigènes ordonna à ses troupes de fuir vers les bateaux de pêche. Les smobys poussèrent des cris de victoire, qui furent peu à peu couvert par un grondement sourd, puis de plus en plus assourdissant.

Les indigènes, effrayés, s'enfuirent vers la plage tandis que Calvin et les smobys, restés dans l'île, se retournèrent, étonnés. Ce qu'ils virent les sidérèrent: une immense vague déferlante, aussi haute que atoll barrait l'horizon. Calvin la reconnut aussitôt: c'était LA vague légendaire dont parlaient les habitants des atolls, celle qui était aussi longue que l'équateur, et qui balayait inlassablement le globe terrestre, depuis l'époque de la "Grande Fondue". La peur apparut sur les visages.

Quelque chose cassa dans les esprits et, oubliant leurs différents, Calvin et les smobys coururent vers la plage déjà désertée par les indigènes qui avaient fuis dans leurs bateaux sans demander leurs reste. Une fois arrivés, les smobys se jetèrent à l'eau tandis que Calvin, apercevant son catamaran à l'autre bout de la plage, se précipita vers lui.

La vague, dans un ronflement de puissance, s'approchait dangereusement.

Calvin arriva à son bateau et voulut sauter dedans quand il sentit une main agripper sa jambe. Il se retourna et vit Duplo. Il avait le visage couvert de sang, et, dans ses yeux, brûlait un feu de haine indicible. Calvin essaya en vain de s'en débarrasser frénétiquement. La vague arrivait, Calvin sentait son humidité dans l'air comme on sent l'haleine du loup qui se jette sur vous. Il regarda l'immense masse d'eau au dessus des palmiers, prête à s'abattre, comme une formidable épée de Damoclès et en fut paralysé. Soudain, une ombre bondit sur Duplo qui poussa un cri de douleur et lâcha la jambe de Calvin qui ne bougeait toujours pas. L'ombre saisit alors Calvin par le col, et le hissa sur le catamaran.

La vague s'abattit.

Ce fut comme une explosion de bombe d'une puissance incroyable. Un souffle d'air balaya toute l'île avant même que l'eau ne broye avec sa formidable puissance, ce que le souffle lui avait laissé. Ce fut comme si l'île avait subi un million d'années d'érosion massive. Enfin, dans un dernier râle, elle fut englouti sous l'eau maîtresse de ce monde de pauvres humains. Alors, tandis que la mer regagnait son calme trompeur, les nuages se déchirèrent et laissèrent passer le soleil, afin qu'il puisse, de ses rayons, apaiser les coeurs de la clairsemée civilisation.

Un langue râpeuse et baveuse réveilla doucement Calvin, celui-ci ouvrit les yeux et reconnut son chien. Il se leva paisiblement et sourit: Duplo n'était plus. Machinalement il abaissa un levier et le catamaran fila vers le soleil levant, vers son destin.


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